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Chaque mot que je trace m'éloigne un peu plus de ce que je voulais d'abord exprimer.
Chaque mot que je trace m'éloigne un peu plus de ce que je voulais d'abord exprimer.
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30 octobre 2005

"Cette lettre, mon amie, sera très longue.

"Cette lettre, mon amie, sera très longue. Je n'aime pas beaucoup écrire. J'ai lu souvent que les paroles trahissent la pensée, mais il me semble que les paroles écrites la trahissent encore davantage".

Dimanche, 18:07, premiers mots, songés hier, dans la rue et dans le soir, en regardant un long moment le défilé des taxis qui s'en vont aux quatre coins de Paris - j'ai oublié ces premiers mots.
Pourquoi écrire ? Il y a une prétention littéraire, qui n'explique ni le moment pour tenter d'écrire, ni le support. Il y a le support : la facilité immédiate de parler, d'être entendu, et la réponse. Surtout, il y a le besoin d'écrire, qui souligne le moment : je n'ai rien écrit de personnel que des lettres, aucune conservée, aux amours de ma vie passée : à ceux-là, à personne d'autre quasiment. Cette lettre, mon amie, sera très longue ; peut-être. Et ce soir, c'est le manque de toi : ma vie présente.

D'abord il y avait mille raisons de ne pas écrire. L'impudeur, mais l'immensité de la Toile et cette voix toute menue que personne peut-être n'entendra. Et justement, le cri, ou plus justement : ma voix, dans le désert, le "silence des espaces infinis", effrayant. La durée aussi : pas seulement écrire pour qui, mais écrire à quoi bon, et qu'en restera-t-il...
Et puis surtout, la peine d'écrire : "écrire est un choix perpétuel entre mille expressions, dont aucune ne me satisfait, dont aucune ne me satisfait sans les autres". 18:36 en effet, la difficulté d'écrire.
- Toutes ces raisons se valent, en valent d'autres, ne valent rien : je m'écris, je leur écris, je t'écris, et si c'est seulement la possibilité du lecteur, une vaste diversion égocentrique m'abusant moi-même et ennuyant les autres... si ça n'est demain que ces errances, ce soir c'est être avec toi. Alors que tu n'es plus là.

[1978. Happiness]. Dans la lucarne, ça parle à vide, "il n'y a jamais eu autant d'argent sur la politique urbaine... - c'est inexact ! il n'y a quasiment pas d'argent dépensé !". Etre pris pour un con, aussi. 1978, ça n'a rien vraiment du bonheur, c'est le vide aussi mais au fond de soi.
"Je voudrais faire ici un effort, non seulement de sincérité, mais aussi d'exactitude. [...] Ce que je vous demande (la seule chose que je puisse vous demander encore) c'est de ne passer aucune de ces lignes qui m'auront tant coûté. S'il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d'expliquer sa vie". Expliquer ma vie : disons plus lucidement, retrouver ta présence. Absurdement ambitieux, parfaitement dérisoire.

- Ce blog est dérisoire. Rien que de le dire.

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